Madame Palatine by Van der Cruysse Dirk

Madame Palatine by Van der Cruysse Dirk

Auteur:Van der Cruysse, Dirk [Van der Cruysse, Dirk]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Fayard
Publié: 2020-06-15T16:00:00+00:00


LA FIN DU BOURREAU DU PALATINAT

La mort subite de Louvois le 16 juillet de cette année-là ne lui arracha en tout cas aucune larme. Le ministre venait de créer le « fonds extraordinaire des guerres » alimenté par les contributions levées en pays ennemi, et avait passé ses derniers mois à cribler de lettres les responsables dans le Palatinat qu'on ne rançonnait jamais assez à son gré. Sachant que Mme de Maintenon préparait sa disgrâce, et travaillant comme un forcené, Louvois vivait sous une intolérable pression. Ses médecins tâchaient d'endiguer ses fréquents accès de fièvre en lui prescrivant des eaux qu'on faisait venir de Forges. Le jour de sa mort, Madame le rencontra avant sa session de travail chez le Roi. Il y fut pris d'un malaise violent et sortit du cabinet du Roi en chancelant. Les médecins entourèrent aussitôt le moribond de leur redoutable incompétence : il fut saigné et purgé, on lui appliqua des ventouses, on lui fit avaler de l'eau apoplectique, des gouttes d'Angleterre et des « eaux divines et générales ». Il mourut dans le quart d'heure, sans doute pour échapper à d'autres traitements. Sourches conclut, très déçu : « On lui donna encore mille remèdes, mais il était mort838. »

A peine Louvois eut-il fermé les yeux qu'on commença à parler de poison. Le jeune Saint-Simon se trouvait ce jour-là à Versailles. Il observa avec soin le comportement de Louis XIV : « Il me parut avec sa majesté accoutumée, mais avec je ne sais quoi de leste et de délivré, qui me surprit 839... » Cette absence de regret a frappé tous les témoins. A un gentilhomme venu le complimenter au nom de Leurs Majestés britanniques sur la perte qu'il venait de subir, il répondit d'un air dégagé : « Monsieur, dites-leur de ma part que mes affaires et les leurs n'en iront pas moins bien. »

Quelques jours après la mort de Louvois, Elisabeth-Charlotte adressa à Sophie cette lettre mal traduite et mal comprise : « Tous les médecins et barbiers qui l'ont ouvert disent et ont signé qu'il est mort d'un horrible poison. En moins d'un quart d'heure il était bien portant et mort. Je l'avais même rencontré une demi-heure avant sa mort et lui avais parlé. Il avait bonne mine et une si belle couleur, que je lui dis qu'il paraissait que l'eau de Forges 840 lui avait fait du bien. Il voulait me raccompagner par civilité dans ma chambre, mais je lui dis que le Roi l'attendait, et ne voulus le lui permettre. Si je l'avais laissé aller, il serait mort dans ma chambre, ce qui eût été un spectacle affreux. » Et elle conclut, après avoir mentionné les soupçons d'empoisonnement : « Puisqu'il devait mourir, j'aurais souhaité que cela eût pu arriver il y a trois ans, ce qui aurait bien arrangé le pauvre Palatinat 841... »

Elle reparle dans les semaines qui suivent de cette fin dramatique sur un ton fort différent qui trahit les opérations de l'alchimie de la haine



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